Le Presbythère.
Avant la Révolution, le curé de la paroisse était un homme important. Il concentrait entre ses mains toute l’autorité du village. Le presbytère était sa demeure.Vers 1780, Monsieur le curé Hébert, trouve le bâtiment âgé et inhabitable. Il veut le démolir, pour en construire un, à son goût, en imposant les propriétaires de biens-fonds.
Mais à l’époque, des voix se sont élevées contre le projet.
En effet, Monsieur Anne Georges Campion de Montpoignant, seigneur de la Rive s’oppose au projet. Il demande qu’un expert soit nommé pour visiter le presbytère existant et vérifier s’il est susceptible de réparation et si celle-ci coûtera moins chère que la reconstruction. Une assemblée se réunit le 10 juillet 1785, à l’issue de la messe dominicale. Celle-ci va dans le sens des souhaits du curé en décidant qu’une somme de 3000 livres serait accordée pour faire construire un presbytère neuf. Les travaux seront financés par une imposition exceptionnelle étalée sur 2 ans, à partir du premier janvier 1786.
Le 14 mars 1786, le Sieur Campion se pourvoit devant le Sieur Intendant de Rouen, pour annuler tout ce qui aurait été fait relativement à cette construction. Il va même jusqu’à traduire les ouvriers devant le Bailly de Vernon. Evidemment le curé prend fait et cause pour eux.
Le 25 avril 1786, Monsieur Pierre Charles Laurent de Villedeuil, transmet aux parties un extrait des Registres du Conseil d’Etat. Le Roi ( Louis XVI ) en son Conseil a approuvé et homologué la délibération des propriétaires de biens fonds de la paroisse de Notre-Dame de Venables du dix juillet 1785, par laquelle ils ont accordé au sieur Curé une somme de 3000 livres pour reconstruire son presbytère. Autrement dit, M. de Campion de Montpoignant est purement et simplement débouté.
Celui-ci revient à la charge, en adressant de nouveau une supplique, datée du 15 novembre 1786. Anne Georges de Campion, seigneur de Venables, la Rive et autres lieux, demeurant en son château de Lormais, paroisse de Heudebouville, va reprendre tous ses arguments présentés dans la langue judiciaire de l’époque, où il redemandait la nomination d’un expert. D’après lui, lors de la première délibération, il y avait un vice de forme. En effet, la délibération aurait dû être portée sur un registre et signée par tous les votants, qui auraient dû s’exprimer individuellement. Le Curé, craignant que son projet n’échoua fit signer son projet de délibération , par tous ceux pour qui le presbytère était déjà jugé, irréparable.
Monsieur Campion invoque alors l’article 9 du règlement de la cour du 26 juillet 1751, précisant la forme qu’on doit observer dans les délibérations engageant les propriétaires pétitionnaires. Pour vice de forme, les précédentes décisions étaient donc illégales. Une nouvelle assemblée devait donc délibérer librement. De plus, le Trésor de la ferme ne pouvait mettre à la disposition de Monsieur le Curé, une somme de 3000 livres, sur la simple proposition du bénéficiaire. L’assemblée devait pouvoir débattre d’autres propositions en toute liberté.
Le 18 janvier 1787, le Bailly de Vernon interdit aux maçons de démolir le presbytère.
La Révolution gronde au loin, et à Venables, on continue à s’affronter en Justice, pour savoir si on va réparer le presbytère ou en construire un neuf !
Finalement, il semblerait que, d’après le style du presbytère actuel, l’ancien ait été démoli et que celui que nous connaissons daterait probablement de la fin 18ième siècle ou du début du 19ième siècle.